Le modèle d’action

Nous présentons ici un « modèle d’action », à savoir une représentation générale de la problématique sur laquelle nous voulons agir en identifiant ses causes et déterminants. Un modèle d’action applicable à un projet santé est un modèle théorique de santé publique. Comme tout modèle théorique, un modèle d’action propose une certaine narration de la "réalité" par définition inaccessible. Pour pouvoir opérer sur et à partir de la "réalité", il importe de concevoir un instrument de représentation suffisamment simple pour être d’utilité. Un bon modèle ne se définit pas par sa proximité avec la "réalité" mais par sa capacité à nous aider à identifier les actions efficaces, c’est-à-dire les hypothèses résolutives de la problématique. De nombreux "bons" modèles sont donc possibles. Le premier modèle – neuroscientifique – proposé tente de résumer ce qui a été présenté comme données physiopathologiques dans les précédents épisodes 4 à 8 de la série en cours (Figure 1).
Figure 1 : Modèle d’action neuroscientifique

Nous nous référons donc à ces épisodes pour la compréhension de ce premier modèle. Nous présentons aussi un second modèle – phénoménologique – davantage inspiré du dernier épisode (9) (Figure 2).
Figure 2 : Modèle d’action phénoménologique

Il y a des personnes qui s’habituent avec le temps au stress et d’autres non. Ceux qui s’habituent réduisent leurs réponses autonomiques et endocrines. L’habituation est un apprentissage qui nous permet de différencier ce que nous devons éviter et ce que nous pouvons tolérer. Ceux qui développent une meilleure capacité d’habituation ont une meilleure estime d’eux-mêmes et un meilleur locus de contrôle car ils définissent plus aisément leurs stratégies de réponse. Ils échappent à la tyrannie de la charge allostatique et donc reviennent beaucoup plus rapidement à l’équilibre homéostatique. Si par contre, l’habituation fait défaut, l’update du prior (voir l’épisode précédent) ne s’effectue pas bien et tout ce que nous avons exploré de physiopathologique en lien avec le TSPT dans les épisodes précédents se réalise.
Dans notre prochaine série qui ciblera la prise en charge de la problématique des troubles du spectre traumatique, nous utiliserons un autre instrument de santé publique, non plus basé sur la problématique, mais bien sur le bénéficiaire, que nous intitulerons la « représentation de l’action ». Si le modèle d’action identifie les relations de causalité entre les différents concepts qui le constituent, la représentation de l’action met en évidence les relations de temporalité qui les relient. La représentation de l’action est l’instrument de la planification, tant pour les interventions de promotion de la santé, de prévention primaire, secondaire et tertiaire. C’est de cet instrument que sont déduits les résultats attendus (outcome) des prises en charge, ainsi que des interventions nécessaires (output) à leur réalisation.
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